Jésus et sa mission terrestre

Chapitre 3

Jésus à l’aube de sa mission terrestre

Le peuple attend des prodiges

1.— Après la Tentation de la montagne, Jésus quitta Nazareth et vint demeurer à Caphernaüm, située près de la mer dans le territoire de Zabulon et de Nephtali, afin que s’accomplisse ce qui avait été annoncé par Esaïe, le prophète : ce peuple, assis dans les ténèbres, a vu une grande lumière, et sur ceux qui étaient assis dans la région de l’ombre et de la mort, la lumière s’est levée. ( Matthieu IV, 12 à 16 )

Le prophète annonça la lumière de Tiphéreth-Christ et ce peuple ténébreux est celui du Scorpion, nommé territoire de Nephthali. Le Christ commença à prêcher dans ces terres humides, son objectif consistait à unir harmonieusement les Eaux des sentiments humains au Feu, attribut du Père. (Lire plus)
2.— La première manifestation publique de Jésus fut celle des Noces de Cana ( Jean II, 1 à 11 ), auxquelles il fut invité en compagnie de tous ses disciples, qui n’étaient alors que six. Quelques jours avant les Noces, Jésus avait prêché dans les synagogues et dans les lieux publics pour annoncer l’avènement de son Royaume ; leur Maître, et au cours de ces Noces, les foules se réunirent pour assister à un prodige ; elles atten¬daient un « signe ». Elles avaient été édu¬quées par la hiérarchie religieuse dans la croyance que l’arrivée du Messie allait représenter la rédemption matérielle du peuple juif. Ils croyaient qu’il s’agissait d’un « Superman », lequel, capable des plus grandes prouesses, allait détruire l’ennemi romain qui occupait le territoire juif ; ils étaient persuadés qu’il allait faire en sorte que toutes les autres nations se pros¬ternent devant la leur. Les sermons de Jean-Baptiste à propos de l’arrivée du Messie ont fait naître l’espoir que ce Messie pouvait être Jésus, et des centaines de personnes qui n’avaient pas été invitées se rendirent au mariage. Dans toutes les réu¬nions spiritualistes, il y a toujours des as¬sistants qui n’ont pas été invités et aux¬quels on doit aussi fournir l’aliment spirituel.

Un miracle involontaire ?

3.— Marie, mère de Jésus, était parmi les in¬vités. Elle savait que son fils avait été dési¬gné par la divinité pour régner sur le Trône de Jacob, elle n’ignorait pas qu’il était le fameux Messie, mais elle aussi, comme le reste de la foule, attendait de lui toutes sortes de prodiges ; elle attendait de lui la ré¬demption du peuple juif, et non celle de toute l’humanité qui aurait mis tout le monde - juifs et non juifs - au même ni¬veau. Depuis son arrivée à Cana, Marie n’avait cessé de dire au public : « Vous ver¬rez, mon fils va démontrer qui il est réelle¬ment ».

Mais Jésus s’était promis de ne jamais utiliser les pouvoirs d’un Dieu pour con-vaincre les hommes au sujet de sa doctrine. Il connaissait la fragilité des croyances qui n’ont pour base qu’un prodige. Au moment du miracle, tout le monde croit, mais par la suite les anciennes idées reviennent au ga¬lop et quoique l’on conserve plus ou moins la foi en la personnalité qui a produit le mi¬racle, on n’en fait pas de même avec sa doc-trine. On se dit : « Cet homme a réellement des pouvoirs, mais il a tort dans ses idées ». Jésus s’était bien promis de ne pas faire la parade de ses pouvoirs et de ne convaincre uniquement que par la parole et par son exemple les âmes qui étaient assez avan¬cées pour entrer dans son Royaume. C’est pourquoi, en apprenant que Marie annon¬çait aux amphitryons et aux invités que son fils allait faire un miracle, il se fâcha et la pria de se taire, en affirmant qu’il n’allait donner aucun signe. Marie, visiblement déçue, alla s’asseoir auprès des femmes dans la cuisine. Elle ne comprenait pas que son fils refusât de manifester ce qu’il était en réalité.

4.— Marie entendit dire dans les cuisines qu’il manquait du vin, bien que les amphitryons en eussent fourni en abondance, mais les invités avaient au moins triplé leur nombre. Elle sauta sur l’occasion : Jésus pourrait manifester ses pouvoirs ; de nouveau elle dit à la foule : « Ne vous inquiétez pas, mon fils arrangera cela ». Elle alla trouver Jésus et lui dit : « Il manque du vin ». Jésus, gêné par cette nouvelle de¬mande, lui répondit : « Femme, qu’y a-t-il entre toi et moi ? Mon heure n’est pas en¬core venue » et il lui reprocha son attitude.

A partir du moment où le Christ entra dans le corps de Jésus, ce dernier ne pou¬vait plus être considéré comme le fils de Marie, mais comme le Fils de Dieu uni¬quement. Cependant, le Christ ne pouvait oublier que Jésus lui avait prêté son corps et, à la vue de l’air affligé de Marie, il fut pris de sympathie envers elle et souhaita de tout coeur que son désir fût exaucé. Ce souhait, issu du fond de son coeur, suffit pour provoquer le miracle. Marie devina dans son regard qu’il avait changé d’avis et, sautant de joie comme un enfant, elle se rendit de nouveau aux cuisines et dit aux serviteurs : « Faites ce qu’il vous dira ».

5.— Jésus n’eut pas besoin de donner des or¬dres. Il fit simplement remplir d’eau des auges de pierre et changea ensuite l’eau en vin. Jean nous donne cette explication parce qu’il ne pouvait pas comprendre le processus du miracle, qu’il présente comme un acte conscient de volonté. Mais les Registres Akashiques donnent une ver¬sion bien différente des faits.
Pendant tout son pélerinage humain, Jé¬sus fut accompagné d’une cohorte d’Archanges, disposés à tout instant à réa¬liser la volonté de leur Maître. Jésus se promit de ne jamais utiliser leurs services. Mais il ne pouvait s’empêcher d’avoir pitié des personnes qui l’approchaient pour lui demander des faveurs, ni de souhaiter de voir leurs désirs exhaussés. Il ne pouvait empêcher que sa bonté débordât de lui-même puisque le Père l’avait précisément envoyé pour qu’il annonce au monde la bonté et l’amour divins.
Lorsque Marie le supplia, les six auges pleines d’eau destinée aux ablutions de la fin de la fête se trouvaient à côté d’eux, et quand Jésus s’apitoya de sa mère, automatiquement les Archanges Gardiens changè¬rent l’eau en vin. Ce ne fut pas un miracle volontaire de la part de Jésus, mais la ma¬nifestation d’un désir involontaire que sa nature divine ne peut retenir. Quand Jésus se rendit compte que le miracle s’était pro¬duit, il demanda la discrétion de tous les assistants ; il en faisait de même chaque fois qu’un prodige avait lieu, mais cela n’empêcha pas que la nouvelle se répandit. Tous ceux qui goûtèrent ce vin déclarèrent qu’il s’agissait du meilleur vin qui avait été servi ce jour-là, alors que la coutume juive voulait que le meilleur vin fût servi au dé¬but de la fête et non à la fin.

6.— Dans le monde physique, la transforma¬tion de l’eau en vin était certainement un miracle, mais ce n’est pas un prodige selon les lois en vigueur dans le Monde du Désir, siège des Archanges du Christ. Dans ce Monde, il suffit de faire un voeu pour qu’il se réalise sur le champ. Si un habitant de ce monde émet le désir d’aller à New York, cette ville apparaît immédiatement devant ses yeux. La dimension temps-espace n’existe pas dans le Monde du Désir, les désirs y forgent la réalité qui peut être transformée à volonté.

Pour obtenir du vin sur Terre, il faut d’abord planter une vigne, attendre qu’elle donne des fruits, puis les cueillir et faire fermenter le jus. Tout est une question de temps. Mais pour l’habitant du Monde du Désir, comme pour les Archanges, ce temps peut être réduit à un instant, et c’est ce qui se passa à Cana. Aucune loi ne fut trans-gressée, simplement celles qui sont en vi¬gueur dans le Monde du Désir furent ap-pliquées dans le monde physique.

Symbolisme de la noce de Cana

7.— Les événements de la vie de Jésus ont un caractère symbolique qui élargit leur por¬tée. Que peut signifier dans la vie du dis¬ciple l’épisode des Noces de Cana ? Elles ont lieu quand Jésus n’a pas encore été « proclamé » Christ ; il attendait pour cela que Jean-Baptiste eût achevé son mandat, qui consistait précisément à annoncer son arrivée. Jésus était alors un espoir. Ce vif espoir se rend à un mariage, lequel symbolise les retrouvailles de l’âme et de sa moi¬tié perdue, et là, l’eau se change en vin. Au niveau psychologique, l’Eau signifie émo¬tions, sentiments. Le vin, en termes psycho¬logiques, représente la connaissance non assimilable parce qu’elle se présente avant l’heure. La Bible nous raconte (Génèse IX, 21) que Noé s’enivra avec le jus de la vigne et qu’il découvrit ses organes sexuels. Cet étrange épisode signifie que Noé but de la vigne d’en haut, c’est-à-dire qu’il obtint des connaissances que son sang humain ne pouvait assimiler, et il les transmit à son fils Cham, lequel re¬présente sa tendance matérialisée ; Cham rit à la vue des organes nus de son père ; ses frères tournèrent leur dos et revêtirent leur père d’une couverture. Le rire de Cham mani¬feste son manque de compréhension de la force générative divine, symbolisée par les organes de son père, et cela nous laisse supposer que cette force ne sera pas utilisée correctement.

Le vin de nos vignes produit les mêmes effets sur le comportement humain. Etant donné que le sang ne peut l’assimiler, s’il est pris avec modération, il exalte nos sentiments et produit une euphorie qui fait que nous révélions un état qui ne corres-pond pas aux normes établies, et qui est une avant-première de ce que nos senti¬ments exprimeront peut-être plus tard, dans un état normal. Si on abuse du vin, nos sens s’endorment et nous ne pouvons plus utiliser notre véhicule.

Ce que doit comprendre le disciple

8.— Lorsque le disciple élève son esprit, il éveille parmi tous les gens qui l’entourent un grand espoir, et tout le monde viendra à lui pour « célébrer les noces », c’est-à-dire pour obtenir l’équilibre et la paix qui en¬vahit l’âme lorsque ses différentes parties s’unissent. Quand cette foule sera réunie, Marie fera son apparition pour demander un miracle. Elle représente ici les origines du disciple, son état antérieur, sa nature terrestre, ce qu’il était avant son élévation. Ce qu’il reste d’humain en lui le poussera à réaliser un acte qui lui confère du prestige, afin d’obtenir de cette façon ce qu’il ne peut encore obtenir par la doctrine et par l’exemple, qui seront dès lors le chemin qu’il devra suivre. Et alors, sans la partici¬pation de sa nature supérieure, sa nature inférieure se manifestera et les « invités » recevront de lui un vin que leur sang ne peut assimiler, c’est-à-dire une connais¬sance anticipée qui transformera leurs sen-timents momentanément mais qui après les laissera au même niveau qu’auparavant.

9.— Après le miracle, les disciples crurent en lui et Jésus « descendit » à Caphernaüm avec sa famille physique pour y passer quelques jours. Cette descente se produit également chez l’aspirant qui réalise ce genre de « miracles ». Jésus passa dans cet endroit peu de jours ; il « MONTA » ensuite à Jérusa¬lem ( Jean II, 13 ), MAIS L’ASPIRANT COURT LE RISQUE DE NE PLUS JAMAIS MONTER ET DE S’ARRETER A CE NIVEAU DE L’OEUVRE POUR DE¬MEURER UN INVOCATEUR D’ESPRITS, UN FAISEUR DE MIRACLES DANS LE SEUL BUT D’OBTENIR DU PRESTIGE. Sa position n’est cependant pas méprisable puisque le vin spirituel qu’il verse dans l’eau de ses adeptes créera en eux le besoin d’un aliment plus stable et un jour ils l’abandonneront pour partir à la quête d’un simple échelon dans le sentier qui mène à la réalisation spirituelle.

L’ancienne religion et la nouvelle, quitter le monde de Loi pour celui de l’Amour

10.— Cette période se situe au moment le plus difficile du mandat de Jésus. Son heure n’avait pas encore sonné, car Jean-Baptiste n’avait pas achevé sa tâche de précurseur. Ses disciples ne comprenaient pas la nature de sa mission et le peuple encore moins. Les apôtres se sentaient attachés à lui à cause de sa personnalité, de son charisme, mais non par sa doctrine, qu’ils ne comprenaient pas. Les juifs adoraient Jéhovah, le Dieu de race qui les punissait dans les mauvais jours, mais promettait de les mener à la victoire finale sur leurs ennemis. Le Christ vint proclamer un autre Royaume, celui du Père, dans lequel tous les hommes de la Terre ont leur place, quelle que soit leur race ou situation. Le Royaume de Jéhovah était parsemé de lois, de règles, de pres¬criptions, d’exigences, de serments, de me¬naces. Par contre dans celui du Père, tout est amour et bonté. Le Dieu que Jésus pro¬clamait n’allait conduire, ni les chars au combat, ni les armées à la victoire pour établir dans le monde des trônes temporels. Son Royaume n’est pas de ce monde, et on ne peut l’atteindre qu’à la suite de victoires morales, non pas physiques.

11.— Dans l’ancienne religion juive figurent trois entités divines fondues en une seule, qui correspondent dans l’Arbre Cabalisti¬que à Kether, Hochmah et Binah, que la re¬ligion chrétienne nommerait Père, Fils et Saint Esprit. Mais dans la religion hébraï-que, il existe une divinité qui englobe ces trois fonctions, il s’agit de Jéhovah, qui agit dans Binah. Nous savons que Jéhovah ( Yod-He-Vav-He ) représente la Loi à laquelle sont soumis tous les êtres humains, et symbolise également les quatre étapes fondamentales qui existent dans toutes choses. Les juifs possédaient une connaissance assez limitée de Dieu car Moïse ne leur avait révélé qu’une partie de la per¬sonnalité divine : celle qui se nomme Jého¬vah. Le Christ devait se charger de révéler que Jéhovah est une partie de la personna¬lité divine, pas sa totalité. Dieu se montre d’abord sous l’aspect d’une Loi qui doit être observée, mais dès que la Loi est ap¬pliquée, l’individu devient Loi lui-même ; c’est à ce moment-là que se manifeste le Dieu de l’Amour, lequel le libérera de tout rituel et de toute obligation. Ce Dieu d’Amour est une étape obligatoire, pour atteindre l’autre aspect de la divinité, celui de Kether, le Père. C’est la raison pour laquelle le Christ a toujours dit qu’il était le chemin qui mène au Père. Nous ne devien¬drons des vrais créateurs à l’image de Dieu que lorsque ces trois aspects de la divinité se seront manifestés en nous. La mission du Christ consista donc à vivifier  le second aspect pour nous aider à atteindre le premier.

12.— La Loi de Binah avait été codifiée par les juifs jusque dans les moindres détails de la vie quotidienne, à tel point qu’un historien moderne est allé jusqu’à dire que les juifs vivent leur religion depuis qu’ils se ré¬veillent jusqu’à ce qu’ils s’endorment ; quand ils se lavent, quand ils mangent, au travail, dans leur vie familiale et sociale. Le Talmud, livre qui recueille toutes les pres¬criptions religieuses, contient un gros vo¬lume entièrement consacré aux gestes qu’il faut faire tous les jours pour être avec Dieu. Mais tous ces gestes, qui devraient faire de chaque juif une Loi vivante, et dans ce cas, ils pourraient se passer des règles, les poussant au contraire à s’identifier à la norme, au lieu d’épouser l’objectif de cette norme. Un individu peut ainsi passer son temps à accomplir tous ces rites sans jamais s’abandonner à la volonté de Dieu. Il était nécessaire de passer d’une religion de ges¬tes à une religion d’être, de profonde participation à la nature Divine.

Dépasser les rites

13.— Le geste et la parole sont deux puissants auxiliaires pour s’élever vers la divinité, mais seulement en tant que véhicules. Etre persuadé qu’il suffit d’accomplir les rites pour s’attirer les faveurs divines, ou penser que grâce à certains gestes ou à certaines paroles on obtiendra le Paradis ou le par¬don des péchés est une erreur. Si nos gestes ne nous mènent pas à l’abandon de nos objectifs humains au profit de notre nature divine, nous ne serons que l’exécuteur ba¬nal d’un rite mort. Pendant tout son man¬dat, le Christ mit en relief cette idée en invi¬tant ses fidèles à laisser de côté les pratiques religieuses pour être, pour vivre vraiment la Divinité.

14.— Dans le cadre des travaux en groupe de notre Ecole, nous développons certains as¬pects de notre doctrine en utilisant les rites car leur symbolisme contient certains élé¬ments de la connaissance qui s’incorporent à l’étudiant par voie sensorielle, sans avoir à passer par l’intellect. Mais le rite étant un chemin qui mène au Christ, il doit amener l’individu à se comporter dans sa vie ordi¬naire selon les normes de ce rite, non pas par obligation ou pour se mortifier, mais par un besoin intérieur, qui se dégage du plus profond de l’être. Quand cela se pro¬duit, on est automatiquement libéré de toute obligation religieuse extérieure. Nous pouvons alors participer aux rites ou aux actes religieux pour aider nos semblables ou pour leur tenir compagnie, mais nous sommes désormais libérés de toute dépen¬dance religieuse car la Loi agit dans notre for intérieur ; la mise en scène extérieure s’avère donc inutile.

Premier entretien de Jésus avec son disciple

15.— Jésus abandonna Cana et ses fêtes, qui allaient durer huit jours et se dirigea, en compagnie de ses disciples, vers Beth-Saïda ; ils y passèrent la nuit, dans la mai-son de Jacques et de Jean. Le soir, après le dîner, Jésus parla pour la première fois à ses disciples de sa mission, et de la fin qui, probablement, l’attendait. Il ne leur dit pas tout ce qu’ils allaient apprendre plus tard, mais tous ceux qui assistèrent à cette réu-nion, Pierre, André, Jacques, Jean, Philippe et Bathélémy, furent accablés par la nou-velle.

Ils s’accrochaient toujours à l’idée du Messie triomphant tant attendu par les juifs, et avaient du mal à comprendre que ce Messie pût finir ses jours tragiquement. André fut le seul qui osa se prononcer ; quand Jésus constata leur attitude perplexe et confuse, il leur conseilla d’aller se repo¬ser, tandis que, muni d’une couverture, il passa toute la nuit éveillé, assis au bord du lac, à réfléchir sur la façon de présenter sa doctrine.

Ses disciples jouaient un peu le rôle de cobayes ; il les utilisait pour évaluer les réactions de la foule devant sa doctrine et envisager ainsi comment il devait la communiquer. Au début, quand on lui deman¬dait s’il était le Messie, il donnait une réponse ambiguë car il l’était en effet, mais pas celui que le peuple attendait, donc, s’il répondait affirmativement, il induirait en erreur ses interlocuteurs. A partir de ce moment-là, Jésus décida de ne plus jamais nier son identité, en laissant au Père le soin de démêler la situation ainsi créée.

Jésus venu pour libérer le monde

16.— La situation dans laquelle se trouvait Jé¬sus avait un cadre historique : celui du peuple juif soumis aux lois de Jéhovah et qui attendait un libérateur. Tous les autres peuples avaient également à cette époque un dieu particulier qui leur servait de guide. Le Christ aurait donc trouvé les mêmes problèmes dans toutes les nations. S’il descendit chez les juifs, c’est parce que là les problèmes étaient plus graves que partout ailleurs. Plus que tout autre peuple, les juifs se sentaient « élus » par la divinité pour mener à bien une mission rédemp¬trice, par conséquent, si la doctrine univer¬selle du Christ triomphait chez les juifs, elle aurait également du succès parmi les au¬tres peuples où il n’existait pas un préjugé de race si enraciné. L’Israël historique était alors, et il l’est toujours, un endroit où les nuages sont très denses ; c’est là qu’apparaît l’arc-en-ciel, signe qui annonce la fin de la tempête.

Mais cette situation historique renferme une réalité spirituelle : au cours de son processus évolutif, le disciple attend souvent qu’un libérateur le délivre de ses problèmes matériels. Il se dit qu’étant donné sa connaissance des Lois Transcendantes et le rôle qu’il peut jouer pour l’humanité s’il transmet ces connaissances à ses semblables, Dieu doit le libérer de ses servitudes matérielles pour lui permettre de consacrer tout son temps à la spiritualité ; il doit le munir d’un corps sain et lui communiquer des pensées sublimes.  Le disciple attend alors le Messie « tombé du ciel » qui viendra arranger tous ses problèmes matériels ( sentimentaux et autres ) afin que tout le monde se rende compte qu’il se trouve parmi les Elus. C’est ce que les Apôtres at¬tendaient de Jésus, et c’est pourquoi ils fu¬rent si contrariés quand le Christ leur an¬nonça que la mission impliquait un sacri¬fice. Tout au long de son mandat, le Christ leur révéla que tout ce qu’ils attendaient n’allait pas avoir lieu. La libération viendrait, mais pas à la suite d’une intervention extérieure. Le Christ devait naître dans chacun des disciples comme condition sine qua non pour obtenir la libération des obligations matérielles.


Mort de l’amour - christ et floraison de la rose

17.— Cette naissance implique une mort de l’Amour dans chacun d’eux. Dans le mécanisme cosmique, l’Amour ( Hochmah ) doit se dissoudre dans toutes choses et dans tous les êtres pour leur donner la vie, car l’Amour est le Visage manifesté du Père. Si cet Amour n’était pas dissous dans toutes choses, rien ne pourrait exister. Cette dissolution est la mort de l’Amour car ce¬lui-ci perd son visage et son apparence pour devenir la substance qui permet à l’univers de se manifester sous d’innombrables apparences. C’est pour cela qu’Abel, préfiguration du Christ, mou¬rut aux mains de Caïn, qui représentait l’homme matériel, l’homme en chair et en os. Si Abel ne s’était pas dissous en lui, Caïn n’aurait jamais pu exister.

Dès sa dissolution, l’Amour renaît dans la nature humaine et il finit par lui conférer le visage de l’Amour ; dès lors, la nature physique et l’Amour se fondent, l’Amour doit alors mourir pour pouvoir ensuite re¬naître et vivre éternellement dans le coeur des hommes. Le Christ vint illustrer ce pro¬cessus naturel et son pèlerinage humain aurait pu très difficilement prendre une au¬tre orientation.

Le mystère de la Foi

18.— Pendant quatre mois, Jésus demeura in¬actif et renvoya ses disciples à leurs occu¬pations habituelles. Son heure n’avait pas encore sonné, Jean-Baptiste continuait à lui préparer le terrain. Il prononça quelques sermons dans la synagogue, mais son intervention fut toujours décevante pour les personnes qui attendaient de lui un « signe ». Le miracle de Cana fit qu’une foule de curieux se rendit à ses réunions afin d’assister à un nouveau prodige qui confirme qu’il était le Messie tant attendu. Quoique la plupart des assistants sortaient déçus, quelques uns croyaient en lui, non pas pour ce qu’il disait, étant donné qu’il passait le plus clair de son temps à lire des passages bibliques d’Isaïe, mais pour ce qu’il était, à cause de sa présence. Cette période d’attente correspond à l’étape psy¬chique du raffermissement de la Foi dans la vie du disciple. Nous avons vu au para¬graphe 16 que le chemin ascendant vers la spiritualité comporte une étape pendant laquelle le disciple attend qu’un sauveur se manifeste à l’extérieur pour le libérer de ses liens matériels. Mais comme le sauveur ne donne pas signe de vie, le disciple se trouve confus. A ce niveau de son par¬cours, la Foi est l’unique chose capable de le maintenir en état d’alerte spirituelle. S’il manque de Foi, le disciple fera partie de la foule déçue qui sortait du Temple en affir¬mant que Jésus n’était pas le Messie et il reprendra alors ses activités matérielles, en poursuivant son petit bonhomme de che¬min et en remettant aux calendes grecques son accès à la spiritualité. Si, malgré l’absence de « signes », le disciple demeure aux côtés du Maître qui promet l’avènement du Royaume, c’est que le changement indispensable qui le rendra apte à reconnaître la doctrine du Christ, est en train de se produire en lui. Le fait de croire en l’existence de ce que l’on ne peut voir se nomme Foi, une force intérieure qui, d’après une définition du Christ, est capa¬ble de déplacer des montagnes et d’aplanir les chemins qui mènent à la Grâce. C’est dans le Royaume de la Foi que le Christ se manifeste, et nulle part ailleurs. Pour cela, l’attente est nécessaire, car elle correspond à un processus naturel. Plus les circonstan¬ces sont contrariantes, et plus la manifesta¬tion de la Foi est splendide. C’est quand tout est noir, quand nous nous trouvons dans une impasse, et quand les « grands savants » du monde profane nous ont con¬damné, que la Foi aplanit les chemins qui mènent à la Grâce, que disparaissent les montagnes et que se produit le miracle ré¬dempteur. Ils sont nombreux les malades qui guérissent à Lourdes ou à Fatima, et ces miracles ne sont pas dus à la Vierge, mais à la Foi des intéressés qui éclate comme une grenade dans leurs entrailles.

19.— Après ces quatre mois d’attente, le 22 Juin, selon les initiés qui lisent dans la Mémoire de la Nature, au moment où le Soleil entre dans le Cancer, Jésus prononce dans la synagogue un sermon à propos du Père. Jean venait d’être fait prisonnier, son heure était proche. Pour la première fois devant une foule, Jésus dissipe les doutes à son sujet.

Un discours-programme de l’œuvre du christ

« Je suis venu proclamer le Royaume du Père. Dans ce Royaume se trouveront ensemble les âmes des juifs et celles des gentils, des riches et des pauvres, des hommes libres et des esclaves, car mon père ne fait exception de personne : son Amour et sa Miséricorde se répandent sur tous. Le Père céleste envoie son esprit habiter la pensée des hommes. Quand j’aurai achevé mon oeuvre terrestre, l’esprit de vérité sera lui aussi répandu sur toute chair. L’esprit de mon Père et l’esprit de vérité affermi¬ront, dans le Royaume à venir, la compré¬hension spirituelle de la droiture divine qu’il y a en vous. Mon Royaume n’est pas de ce monde. Le Fils de l’Homme ne mè¬nera pas les armées à la bataille pour éta¬blir un trône de pouvoir ou un royaume de gloire temporelle. A l’avènement de son Royaume, vous connaîtrez le Fils de l’Homme comme le Prince de la Paix, comme le révélateur du Père Eternel. Les enfants de ce monde luttent pour établir et agrandir les royaumes de ce monde, mais mes disciples entreront dans le Royaume des cieux grâce à leurs décisions morales et à leurs victoires en esprit, et là ils trouve¬ront la joie, la justice et la vie éternelle.

Quiconque donne la priorité à l’entrée dans le Royaume et s’efforce ainsi pour ac¬quérir une noblesse de caractère semblable à celle de mon Père, possédera bientôt tout ce dont il a besoin. Mais je vous le dis en toute franchise, à moins que vous cherchiez à entrer dans le Royaume avec la foi et la confiance d’un petit enfant, vous n’y serez admis.

Ne vous laissez pas tromper par les gens qui viennent vous dire : le Royaume est ici ou là, car le Royaume de mon Père ne con¬cerne pas les choses matérielles. Il est déjà maintenant parmi vous car, dès le moment que l’âme d’un homme est instruite et se laisse conduire par l’esprit de Dieu, elle se trouve en réalité dans le Royaume des cieux. Ce Royaume est fait de droiture, paix et joie dans le Saint Esprit.

Jean vous a baptisés pour vous permet¬tre de vous repentir de vos péchés, et quand vous pénétrerez dans le Royaume céleste, vous recevrez le baptême du Saint Esprit. Dans le Royaume de mon Père, il n’y aura ni juifs ni gentils, mais seulement ceux qui cherchent la perfection en se ren¬dant utiles ; car je déclare que quiconque veut être grand dans le Royaume de mon Père doit tout d’abord devenir le serviteur de tous. Si vous acceptez de servir vos sem¬blables, vous siégerez avec moi dans mon Royaume, de même que je siégerai bientôt auprès de mon Père dans son Royaume pour avoir servi comme un enfant.

Ce nouveau Royaume ressemble à une graine qui pousse dans la terre fertile d’un champ. Il n’atteint pas rapidement sa pleine maturité. Il existe un laps de temps entre l’établissement du Royaume dans l’âme d’un homme et le moment où le Royaume mûrit dans la plénitude pour de¬venir le fruit d’une droiture perpétuelle et d’un salut éternel.

Le Royaume que je proclame n’est pas un Royaume de puissance et d’abondance. Le Royaume des cieux ne consiste ni en aliments ni en boissons, mais en une vie de droiture progressive, de joie croissante, tout en accomplissant les services de mon Père qui est dans les cieux. Car le Père n’a-t-il pas dit à ses enfants de la Terre : Ma volonté est qu’ils finissent par devenir parfaits, comme moi-même je suis parfait ?

Je suis venu pour prêcher la bonne nou¬velle de l’avènement du Royaume. Je ne suis pas venu accroître les lourds fardeaux de ceux qui voudraient entrer dans ce Royaume. Bien au contraire, je proclame un chemin nouveau et meilleur. Ceux qui sont capables d’entrer dans le Royaume qui vient jouiront du repos divin. Quoiqu’il vous en coûte en biens matériels, quel que soit le prix que vous aurez payé pour en¬trer dans le Royaume des cieux, vous rece¬vrez sur Terre beaucoup plus que l’équivalent en joie et en évolution spiri¬tuelle, et vous aurez mérité la vie éternelle dans les temps à venir.

L’entrée dans le Royaume du Père ne dépend ni d’une armée en mouvement, ni du renversement des royaumes de ce monde, ni de la délivrance des captifs. Le Royaume du ciel est à la portée de la main, quiconque y entrera trouvera en abondance de la liberté et du salut.

Ce Royaume est un empire perpétuel. Ceux qui pénètrent dans le Royaume mon¬teront jusqu’à mon Père, ils atteindront cer¬tainement sa droite au Paradis. Tous ceux qui entrent dans le Royaume des cieux de¬viendront Fils de Dieu, et dans les temps à venir, ils s’élèveront jusqu’au Père. Je ne suis pas venu appeler les soi-disant justes, mais les pêcheurs et tous ceux qui ont faim et soif de la droiture de la perfection di¬vine.

Jean est venu prêcher le repentir pour préparer votre entrée dans le Royaume ; maintenant je viens pour proclamer que la Foi, don de Dieu, est le prix à payer pour entrer dans le Royaume des cieux. Il vous suffit de croire que mon Père vous aime d’un amour infini !, et dès lors, vous vous trouverez dans le Royaume de Dieu ».

20.— Ce discours représente le préambule de l’Oeuvre du Christ. Les gens qui l’écoutèrent furent surpris car c’était la première fois qu’ils entendaient parler de Dieu en termes de Père ; il cessait d’être le tuteur rigoureux qui distribue pour la première fois, Dieu se manifestait au peu¬ple en termes de relation personnelle et non pas collective, comme auparavant. Pour la première fois également on entendait dire que le Royaume de Dieu n’avait pas un ca¬ractère matériel, mais spirituel.

Selon les chroniques, le public était di¬visé en trois courants d’opinion. Un tiers crut au message sans le comprendre vraiment ; un autre tiers rejeta totalement l’idée d’une récompense spirituelle et non pas matérielle à tous les préceptes et exi¬gences de leur religion, tandis que le der¬nier tiers fut incapable de comprendre le sens des paroles et pensa que Jésus n’avait pas toute sa tête.

21.— Le jour suivant, Jésus alla trouver ses six Apôtres et leur demanda de désigner cha¬cun un nouveau disciple afin de compléter leur équipe. Ceci relève d’une loi naturelle qui veut que la partie supé¬rieure de l’homme dépende en quelque sorte de ce qui est inférieur. La partie su¬périeure de notre personnalité, celle que l’on peut assimiler au Christ en état de formation choisit une équipe et des moyens d’action qui par la suite conditionneront les résultats, et représenteront les limites de notre Oeuvre.

22.— Ce même jour, le 23 Juin, le Maître or¬donna à ses disciples de partir deux par deux pour annoncer la bonne nouvelle de l’avènement du Royaume. Nous savons ce que le 24 Juin si¬gnifie dans le processus de manifestation christique  . C’est à ce moment-là que la voix du Christ intérieur se laisse entendre pour annoncer le Royaume du Père, et que nous nous mobilisons pour donner la nouvelle. De même qu’il y a dans la vie du disciple un 25 Décembre qui marque la naissance de l’enfant destiné à changer sa vie, il y a aussi un 24 Juin qui annonce que Dieu n’est pas seulement un ensemble de règles en¬nuyeuses et d’interdits rigoureux, mais aussi, et principalement le représentant du Pardon, de la Grâce, de l’Amour, de la Joie, et le tout couronné par une immense et entière LIBERTE  . 

Kabaleb

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